François Lucas :
Maintenant, les sanitaires. Un endroit assez stratégique pour les gens en fauteuil. Donc, une porte de 80 cm de large, mais peut-être qu’un pictogramme informant que cette porte mène à un WC accessible ça serait bien. Donc, porte de 80 cm, je suis tout droit, très bien. La porte à galandage coulissante : bien. Il n’y a pas de battant qui est gênant. Maintenant, il faut tout de même que j’ai l’usage de mes doigts pour ouvrir cette porte.
Noémie Aubert : Tu parles de l’usage des doigts, mais ceux qui n’ont plus l’usage des doigts, comment font-ils ?
François Lucas : Alors, plus l’usage de ses doigts, la difficulté est qu’en fait, la conception de la porte serait mauvaise. On pourrait tout simplement y placer une belle barre qui donne le choix à des utilisateurs différents, de pouvoir choisir l’endroit ou ils vont saisir la porte, la poignée, ouvrir ou fermer. Là tu vois, par exemple, ce doigt qui est encastré dans la porte, oui pour beaucoup de gens, mais non pour quelques uns. Ah ? Tiens donc ! Donc là, nécessité d’allumer, tu es d’accord avec moi ? C’est bien, la petite LED qui est sur l’appareillage, il identifie la position de l’interrupteur. Néanmoins, tu vois cet appareillage blanc sur une faïence blanche, ce n’est pas terrible ! C’est bien de contraster en couleur pour les malvoyants, pour les gens désorientés. Imagine qu’on ait mis celui-là...
Noémie Aubert : D’accord, c’est contrasté.
François Lucas : Oui, tu contrastes en couleur, c’est valable sur tous les plans. Et tu ne cherches pas ton interrupteur d’éclairage. Entrée, et là, je suis ravi : une aire de rotation magnifique, mon petit mètre cinquante bien fait, je fais mes 360°, sans manœuvre contraignante. Je recule pour me positionner à côté de la cuvette. Je freine mon fauteuil de façon qu’il n’ait pas envie de se sauver au moment de mon transfert. Mon accoudoir, je le relève comme je peux puisqu’il vient au contact derrière. Et puis là, je vais saisir cette barre de façon à pouvoir me transférer, c’est-à-dire me glisser sur cette cuvette de WC.
Noémie Aubert : Elle me semble bien loin, cette barre.
François Lucas : Et bien, pas trop, regarde !
Noémie Aubert : Donc, tu t’aides d’un bras, mais l’autre bras te sert également d’appui ou pas ?
François Lucas : Et bien il va me servir d’appui sur mon fauteuil. Je vais déplacer ma main de façon à pouvoir avoir quelques points d’appui afin de pouvoir me transférer.
Noémie Aubert : Donc, c’est essentiellement le fauteuil qui te servir d’autres points d’appui ?
François Lucas : Oui, oui !
Noémie Aubert : Alors, une autre chose me paraît étonnante, c’est la hauteur des roues par rapport à la cuvette des toilettes ? Ca doit être vraiment difficile d’accéder aux toilettes ?
François Lucas : Complètement ! Mon transfert va s’avérer très délicat, parce qu’en fait… délicat, désagréable pour certains, difficile pour d’autres : une gêne supplémentaire. Il aurait été bien que l’axe de cette cuvette soit positionné à cinquante centimètres de la paroi arrière.
Noémie Aubert : D’accord !
François Lucas : Le dimensionnel à respecter pour positionner une cuvette, c’est cinquante centimètres entre l’axe de la cuvette et la paroi arrière, cinquante centimètres de façon à ce que l’assise du fauteuil soit dans l’axe de l’assise de la cuvette.
Noémie Aubert : En un mot, certaines personnes ne pourront pas y accéder ?
François Lucas : Pour un certain nombre de personnes, ça peut être une gêne majeure. Ou alors faire appel à la famille ou quelqu’un qui vienne l’aider.
Noémie Aubert : Donc, il n’y a plus d’autonomie, là !
François Lucas : Voilà ! Et la position de la cuvette vis-à-vis de la paroi, c’est 40cm entre la paroi et l’axe de la cuvette. Et je sais que pour beaucoup, au niveau morphologique, je pourrai atteindre cette barre et me transférer.
Noémie Aubert : D’accord !
François Lucas : Là, Je peux tenter de simuler un transfert. J’appuie, J’ai passé mes jambes, et là, ça va être un peu une opération de force, je vais tirer par mon bras droit, prendre appui par la main gauche, et puis effectivement, la cuvette étant trop avancée, il faut qu’en même temps, je me tire un peu vers l’arrière. Et je ne t’ai pas parlé du sujet important : pantalons et autres, ce n’est pas tout à fait comme ça que ça se passe. C’est encore un petit peu plus compliqué. Donc là, je suis à une hauteur. Tu te souviens de la hauteur du fauteuil : 50cm. Donc, la hauteur de la cuvette va être la même tout simplement. Et on va simplifier le transfert. D’ailleurs, c’est ce qui est retenu dans le volet réglementaire : hauteur 50 cm. Néanmoins, ne pas perdre de vue que ce sera une gêne majeure pour une personne de petite taille et pour les enfants, c’est-à-dire que les pieds ne vont pas toucher le sol. Maintenant, chez un particulier, un ergothérapeute pourra avoir défini une hauteur précise de cuvette en fonction de la personne. En E.R.P., on travaille de façon très réglementaire, parce qu’on ne connaît pas l’usager. Chez un particulier, on va tricoter quelque chose pour lui.